C’est toujours le même rituel. Je commence un projet porté par l’excitation des débuts, par la certitude de mener un projet diffèrent et révolutionnaire. Puis, avec le temps, cette flamme qui jaillissait et resplendissait s’amenuise chaque jour un peu plus devant les efforts, les obstacles et les difficultés. Une sorte d’ennui mortel s’installe, poussant inexorablement ce projet, un temps considéré “révolutionnaire”, sur la pile des “projets commencés, mais jamais terminés”. Ensuite, un nouveau projet plus ambitieux et plus excitant prend le pouvoir avant de connaitre une fin abrupte similaire à son prédécesseur.
Plus que l’ennui, j’ai compris que l’inconfort était ce que je fuyais le plus au monde. Je mettais un terme à l’avancement de ces projets avec l’espoir que le suivant serait plus confortable. Alors, comment mettre fin à l’inconfort ? La véritable question semble être “comment accepter l’inconfort ?”
Se fixer des sous-objectifs atteignables pour commencer.
Rien de ce que vous allez commencer ne sera superbe ou extraordinaire. C’est d’ailleurs plutôt le contraire pour être honnête. Mon premier court métrage est une catastrophe, mes premiers textes de rap qui ne sortiront forte heureusement jamais de ma chambre aussi et les premiers chapitres de mon livre – actuellement en réécriture étaient indigeste. Ce constat honnête avec soi-même contribue à faire face aux premiers échecs sans perdre la motivation de continuer. En comprenant qu’ils font partie du processus normal d’apprentissage, cela permet de mieux les comprendre et de construire à partir de ces mêmes échecs.
D’ailleurs, sont-ils réellement des échecs à partir du moment où, on les conçoit comme faisant partie intégrante du processus d’apprentissage ?
Passez à l’action.
C’est l’un des plus vieux conseils qu’il nous est donné, il est selon moi le plus juste de tous. Il est plus facile de tourner le volant d’une voiture en mouvement que d’une voiture statique. Sans passer à l’action, vous ne connaitrez jamais l’impact de la réalisation de vos projets. Lorsque j’ai réalisé mon premier documentaire de vingt minutes intitule ‘We Are Dublin’, jamais je n’aurais imaginé qu’il allait me faire gagner mon premier prix lors d’un festival. Jamais je n’aurais imaginé qu’il me pousserait à la préparation de mon premier long métrage documentaire. Jamais je n’aurais imaginé pouvoir faire le tour du monde grâce à lui. Alors bien sur, c’est très réducteur de dire que tout découle de ce documentaire mais en tout cas, beaucoup vient de mon abnégation sur ce documentaire.
Tout a commencé par un pas, puis un autre pour ensuite me permettre de me retourner pour apprécier le chemin parcouru.
Ne pas céder à la facilité.
Dans bien des situations, abandonner semble la solution de dernier recours alors qu’elle est en réalité celle de la facilité. C’est tellement plus simple de choisir de partir sans se retourner, plutôt que de faire tout ce qui est humainement possible pour mener à bien ses projets. Je l’ai fait pendant des années, détruisant les quelques restes de confiance et d’estime de soi encore présents.
Dans les prémices de cette prise de conscience, je me suis rendu compte qu’à chaque fois que je terminais un projet, il y avait d’autres personnes impliquées que je me refusais de laisser tomber. Et c’est l’une des leçons les plus importantes que j’ai apprise sur mes comportements. Il m’arrive parfois encore, selon le projet, d’amener une personne dans l’équation pour me responsabiliser.
Alors la prochaine fois que vous ressentez l’envie d’abandonner, continuez. Repoussez un peu plus vos limites en agissant et vous retrouverez certainement la satisfaction du devoir accompli. Et puis, peut être que la pile des “projets commencés mais jamais terminés” se transformera en pile des “projets terminés”, qui sait.
Wissame