«Ne remettez au lendemain que ce que vous êtes enclin à laisser inachevé à votre mort.» Pablo Picasso
J’ai pendant longtemps été un procrastinateur. Un vrai. Depuis quelques années, je me suis extirpé de cette prison dorée que je m’étais construite. À me lire on pourrait penser que tout s’est fait en un claquement de doigt. En vérité, il m’a fallu près de 10 ans pour accueillir, analyser et dompter ce blocage qui était ancré en moi.
Y-a-t-il du bon dans la procrastination ? C’est en tout cas ce qu’indique John Perry, l’auteur du livre The Art of Procrastination: A Guide to Effective Dawdling, Lollygagging, and Postponing. Il met en oppositon la procrastination structurée qui permettrait de faire plus et la procrastination passive ou la procrastination non structurée. Je vous laisse en découvrir plus par vous-même.
En travaillant sur le sujet, j’ai voulu questionner mon rapport à la procrastination. Les avantages que j’expérimentais à court terme ne sont-ils pas devenus de vraies mauvaises habitudes préjudiciables à long terme ? Je crois avoir trouvé un début de réponse.
Je lisais mes cours quelques minutes avant les contrôles et je recrachais sur le papier tout ce que je pouvais. J’ai développé une capacité d’adaptation efficace jusqu’à un certain niveau (cf : article sur l’Autodiscipline du 14/02/2020). Cependant, j’ai l’impression que cette procrastination maladive m’a également porté énormément préjudice dans ma vie personnelle et professionnelle.
J’ai réalisé avec le temps que la procrastination est pour moi le chemin le plus court vers ma propre médiocrité. Devenir et surtout rester moyen. Il m’est impossible de viser l’excellence dans ces conditions. Il me fallait être cohérent entre mes envies et mes actions.
J’attendais toujours l’extrême dernière minute pour faire les choses. J’étais très efficace, car je devais me délaisser d’une tâche dans un temps imparti. J’excellais extrêmement bien sous la pression et la contrainte.
Ce système fonctionnait pour de petites tâches mais lorsqu’il y en avait plusieurs qui nécessitaient une vraie organisation, je me retrouvais la tête sous l’eau. Ça vous semble familier ? Il est possible de changer ce que vous pensez être un trait de votre personnalité voire de votre identité…
Rapport à ses émotions.
La procrastination est non pas un révélateur de notre mauvaise gestion du temps, mais d’une non-gestion ou d’une mauvaise gestion de nos émotions. Lorsque j’ai repris le contrôle de moi-même, j’ai arrêté de laisser les émotions guider mes décisions.
« Le contrôle de soi intervient quand une personne tente de changer la façon dont elle aurait sinon pensé, ressenti ou agit. Les comportements de contrôle de soi sont conçus pour maximiser les intérêts à long terme de l’individu. Les gens exercent le contrôle de soi quand ils suivent des règles ou inhibent un désir immédiat pour retarder une récompense. Sans contrôle de soi, les personnes suivraient leur comportement normal, typique ou désiré. »
Pour beaucoup de procrastinateurs/trices, il y a un lien fort entre la tâche à accomplir et toutes les émotions négatives qui lui sont associées. L’anxiété, le stress, l’ennui, le doute, la frustration. L’évitement et la fuite ne sont jamais de bons alliés.
- Prendre la décision radicale de changer. Radicalité dans la prise de décisions MAIS souvenez-vous qu’il faut être bienveillant dans le passage à l’action.
- Se focaliser sur ce que va nous procurer l’accomplissement d’une tâche (satisfaction, soulagement, libération, joie, etc).
- Mise en marche en douceur. « Un volant est plus simple à tourner si la voiture est en mouvement ». En étant dans l’action, donc en mouvement, l’enchainement des autres mouvements devient plus simple.
- Classification par ordre de priorité. La matrice d’Eisenhower est un must si vous voulez répondre simplement à la question de l’importance et de l’urgence d’une tâche. Il ne s’agit pas non plus de se transformer en un(e) PRÉcrastinateur/trice, tout est une question d’équilibre.
- Utilisation d’un calendrier pour y noter la date butoir d’une tâche complexe. Si cet évènement ou cette tâche surviennent dans les deux prochains mois, cela me donne environ 8 semaines pour me rendre des comptes chaque semaine et faire le point sur mes avancées.
- Gérer mes émotions, encore et toujours.
- Travailler en batching. Regrouper les tâches du même type, ce qui évite d’être dispersé.
Question : Quelle sont les tâches que vous remettez au lendemain ? Pourquoi ?
Merci d’avoir lu jusque-là.
Wissame