L’odeur des dimanches tranquilles : quel souvenir impérissable. Dimanche. Ce jour est si particulier qu’il est casé entre l’excitation du Samedi et la tragédie du Lundi. Une journée de décompression entre un jour ébouriffant et son alter ego décevant. Samedi, il y avait football ; Lundi, il y avait école. Et entre les deux, prisonnier, il y avait Dimanche. Un jour si particulier que beaucoup aimeraient passer du Samedi au Lundi sans lézarder. Pourtant, une semaine amputé de l’un de ses membres est impensable.
Alors il est exactement là où il doit être. C’est un soupir, un interlude, dans une semaine souvent sans fin et parfois trop courte.
Le problème de ce jour si particulier, si tenté qu’il y en ait au moins un, c’est qu’il est celui du repos forcé. C’est le jour où la grisaille des journées d’hiver est encore plus déprimante qu’à l’accoutumée. Dimanche est synonyme d’ennui avant de passer le cap des trente ans. Normal. Tout est fermé. Pas dans les grandes villes, mais dans celles dont on ne connait pas le nom. Même les bus, qui d’ordinaires ne chôment pas, décident de se reposer.
Une fois les délices de ses matinées engloutis, ses dessins animés dévorés, on bascule lentement dans la semaine d’après ; sans avoir jamais assez profité de la semaine d’avant car le dimanche est un jour qui revient toujours trop tôt. Les semaines passent tellement vite. Enfin, c’est ce qu’on se dit en vieillissant, passé trente ans.
Le dimanche, c’est aussi le jour qui sert à terminer les restes des repas copieux : des trésors de la veille ou même de la semaine, dissimulés dans le frigo. C’est aussi celui des bonnes odeurs ; celles des crêpes, des tartes et des gâteaux de ma tendre maman. Des ribambelles de douceurs, toujours prêtes à combler nos cœurs de gourmands. C’est aussi le jour des séries sans fin qui tuent l’ennui avec des scénarios clichés, mais dont on a du mal à se sevrer.
Alors les odeurs des dimanches tranquilles, c’est tout cela à la fois ; du très et du moins bon, de belles et de moins belles choses. C’est surtout la nostalgie d’une vie qui n’était pas si maussade que cela finalement. Facile à dire je ne suis plus un enfant. Et puis en vieillissant, on les apprécie à leur juste valeur ces dimanches reposants. Encore faut-il pouvoir convaincre ses propres enfants.
Wissame
P.S. : Merci au chef François Perret de m’avoir soufflé le titre de cet article et replongé dans les bonnes odeurs de mon enfance.